Billet d’humeur : UBS - Optimiser le capital, cela n’est pas tricher

Ce billet d’humeur vise à remettre les pendules à l’heure face à certains “bien-pensants” qui considèrent les actifs et la gouvernance d’une société anonyme comme un bien commun. Il rappelle également qu’une banque — qu’elle soit systémique ou non — reste une entreprise de services, et non un guichet de l’État destiné à servir les citoyens.

Optimiser le capital d’une société anonyme dans le respect de la loi et des subtilités fiscales d’un État, d’un canton ou d’une commune fait partie intégrante des outils utilisés pour préserver ce capital. Il s’agit d’assurer un rendement attractif aux actionnaires, tout en fournissant les services définis dans sa stratégie. Que cela déplaise à certains membres des partis rose, vert ou rouge ne change rien à la réalité économique : ce n’est ni une tricherie, ni une entorse au droit ou à la langue française. Première erreur.

Les détracteurs avancent souvent l’argument selon lequel “on privatise les bénéfices et on socialise les pertes”. C’est un raccourci simpliste, surtout dans un pays comme la Suisse, où les citoyens ont rarement été appelés à financer des sauvetages économiques. La Confédération et les cantons ont parfois accordé des garanties, mais sans perte nette.

Prenons l’exemple d’UBS : lors de la crise de 2008, la Confédération a engrangé plus de 6 milliards de francs de bénéfices en soutenant la banque. À l’inverse, une banque cantonale — que je ne nommerai pas pour des raisons juridiques — a bel et bien été renflouée par l’argent des contribuables, le capital étant majoritairement détenu par le canton. Deuxième erreur.

Toute entreprise cherche à optimiser sa trésorerie : en négociant ses achats, en mobilisant les bonnes ressources au bon moment, en pratiquant des prix compétitifs, etc. Vous faites la même chose, en tant que consommateur : lorsqu’on vous propose une remise, renoncez-vous à l’accepter par principe ? Allons donc… Troisième erreur.

Revenons à UBS en tant que banque systémique. Oui, sa taille relative au PIB représente un risque. Mais elle représente aussi une opportunité : des milliards de francs d’impôts versés en Suisse, des milliers d’emplois, des commandes passées à des entreprises locales, des capitaux disponibles pour les ménages et les entreprises.

À force de vouloir le beurre, l’argent du beurre et la laiterie, on finit par mourir de faim. Autrement dit : il ne faudra pas s’étonner si, un jour, UBS transfère son siège social à Londres, aux États-Unis ou à Singapour, reléguant UBS Suisse au rang de simple succursale du groupe.

Il devient donc urgent de trouver un équilibre entre les postures idéologiques et les réalités économiques. Penser qu’UBS restera en Suisse simplement parce qu’elle y est née relève d’une naïveté affligeante et d’une profonde méconnaissance du monde de l’entreprise. Quatrième erreur.

L’optimisation fait partie intégrante de la gestion d’une entreprise bien gouvernée. Ne pas chercher la performance, y compris dans sa gouvernance financière, est au mieux une faute de compétence, au pire un manquement grave à ses responsabilités.

Il reste à espérer que le Parlement, désormais en charge du projet du Conseil fédéral sur les banques systémiques, saura hausser le niveau du débat. L’objectif doit être double : soutenir les acteurs clés de notre économie, tout en assurant la stabilité de cette même économie. Peut-être, qui sait, verrons-nous à Berne un sursaut de clairvoyance.

Bonne lecture, et à bientôt !

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